• Souvenir d'une bouteille à la mer (texte rédigé durant le confinement)

     

     

    Le virus avait tout bouffé. j'étais le seul survivant. L'Homme moyen s'était dissout, les lâches comme les héros avaient disparu aussi. Tout était recouvert d'une épaisse couche de silence et de vide. Je pleurais souvent.

     

    Internet ne fonctionnait plus. Personne à qui raconter le secret qu'on m'avait confié. Rien n'existait plus autour de moi sinon la nature qui avait retrouvé ses droits et ses devoirs, ceux de faire pousser l'herbe ou jadis l'homme avait recouvert la terre de ciment et de goudron. Obéissant encore à de vieux préceptes n'ayant plus cours, je remplissait une fois par semaine mon attestation de déplacement dérogatoire pour chasser les dernières tranches de jambons sous cellophane dans les magasins éventrés de mon quartier. Je n'avais plus goût à rien, sans doute avais-je moi même été atteint. J'attendais un printemps qui ne viendrait plus.

     

      En cette période où le covid attaquait fort et partout, je m'étais lavé les mains vingt secondes durant avec une pierre ponce avant d'attaquer ma séance de Pilate, lorsqu'on toqua à ma porte. Au début, j'ai cru que c'était moi, mais c'était impossible, puisque j'avais encore les mains sous l'eau.

     

    Non. C'était Blanche-neige, elle entra sans frapper, la violence n'avait plus raison d'être. Elle me souffla discrètement à l'oreille que les nains seraient les prochaines proies du Covid.

     

    Si vous découvrez cette lettre, peut-être me retrouverez vous, derrière le miroir, à errer à travers la ville fantôme, suivi par tous les nains de jardin. Aujourd'hui, je suis leur chef. On va se révolter !

     

    Ce confinement a bien trop duré.

     


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