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Les derniers poètes
Tandis que le fleuve roulait ses ordres moraux, arrachant aux rives instables, ses derniers lambeaux de dissidence, un vent libéral avait pris en force. Des rafales teigneuses arrachaient au libre arbitre ses derniers remparts, pour les disperser à travers les champs d'honneur.
Au milieu des eaux brunes se noyaient les derniers esprits éclairés. Leurs poumons s'emplissaient de la pensée unique à laquelle ils ne pourraient survivre.
Une lune blafarde crevait avec peine un ciel qui s'embrunissait peu à peu, jusqu'à se fondre avec les eaux fangeuses du fleuve.
Sur la rive, quelques poètes luttaient encore contre le déracinement. Ils se risquaient malgré le vent, à graver sur l'écorce des arbres à palabre, le mot Liberté. Mais la pointe émoussée de leur plume refusait toutes empreintes.
Le vent passa son dernier coup d'éponge et la Terre devint toute propre.
En contrebas, l'argent sale honora la fondation d'un village aux maisons toutes blanches et identiques.
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Commentaires
20SabyMercredi 18 Novembre 2020 à 23:45Image de la réalité , grave ressenti de vérité ....
On s'accroche mais des gargouillis bizarres dans le bide , ça grignote ça gratouille ça sent le coufinou ... on a tellement besoin d'air et d'espace pour certains d'entre nous
J'espère que tu t'échappes un peu dans tes marais sans masque
Bonne nuit Denis
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Jeudi 19 Novembre 2020 à 11:55
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J'espère qu'ils ne sont pas tous balayés par le vent mauvais qui passe...
Ou qu'ils renaîtront de leurs cendres, comme le fait le phénix.
En tout cas, toi, tu n'as pas perdu tes mots... ils me parlent d'un aujourd'hui et d'un demain que je me refuse à accepter, sans doute à tort. :(
Passe une douce journée. Merci pour tout.
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Samedi 14 Novembre 2020 à 11:24
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Bonjour
mon petit passage du vendredi pour te souhaiter
un bon weekend
soleil au cœur et rêve en l'esprit
enfermé et confiné,
si bien dressé par les dompteurs de la bêtise
incapables de nous faire faire de merveilleux tours-
Lundi 16 Novembre 2020 à 10:42
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14Betty....Mercredi 11 Novembre 2020 à 20:04Je constate une nouvelle gravité dans tes Mots Denis
Comme lorsque l'on sait que désormais cet "Après "
Dont tu parles si vrai , cet "Après" se rapproche d'un déclin
S'il ne l'est déjà ...
Très fort ton texte , très prenant au ventre ....Très grave dans l'image que nous percevons de tes Mots
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Jeudi 12 Novembre 2020 à 08:58
Lorsque l'évidence est là, on ne peut la nier sans mettre sa tête dans le sable. Certes, ça s'effondre tranquillement, mais nous ne sommes guère une priorité pour l'ensemble du cosmos. Qui s'inquiète aujourd'hui de la disparition du grand Hapalémur de Madagascar ou de l'hirola du Kenya... tiens, je ne savais même pas qu'ils existaient ceux-là.
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13jamaMercredi 11 Novembre 2020 à 11:15
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Fort ! Résistons !