S'assoir, regarder, noter...
Ciel gris, température au sol 17°, vent d'Ouest modéré à faible, faiblissant Ouest Nord-est, pression atmosphérique 1024 mb avec tendance en hausse. Tout semblait calme. On entendait même les clochettes tintinnabuler.
Soudain, tout s'agite autour de la fontaine, sans poisson rouge et sans eau.
Des hommes assis sur un banc se souviennent, racontent un pays où ils ne sont plus. Saudade improvisée.
Les voitures tournent autour de la place comme des poissons rouges, s'il y avait eu de l'eau à la fontaine. Elles ne font jamais plus d'un tour, souci d'économie sans doute ?
Le temps passe, quelques passants aussi... sans jamais arrêter le sablier.
On dirait le Sud.
Sur cette petite place bien tranquille allait se dérouler un drame. Si je n'avais pas été devin, je ne l'aurais jamais deviné.
Un petit couple qui se croyait à Venise plumait les pigeons qu'ils attrapaient au vol, tandis qu'un homme, accroché à son portable, insensible aux hurlements des volatiles, avait oublié la réunion du soir.
- Enfin, un peu de temps libre pensa t-il.
Il proposa son aide au jeune couple.
- A trois, ça ira plus vite.
Les pigeons continuaient d'arriver en vagues serrées vers un destin qu'ils n'avaient même pas imaginé, quelques instants auparavant, d'où l'avantage incontestable d'être un peu devin.
- Regardez cria l'homme libre, on peut même les plumer sans les occire. On gagne un temps fou !
- Il se prend pour Dieux ou il se la pète! rétorqua la jeune fille tout en plumant vif son douzième pigeon.
Au milieu de la place, près de la fontaine sans poisson rouge et sans eau, un volatile sans plume songeait à sa vie d'antan...
Sans le savoir, il allait bientôt devenir l'oiseau de paradis de mon petit village.