• Ô, comme trois pommes

     

    L’enfant sait déjà du haut de ses trois pommes. Pas trois pommes à genoux, comme disent les adultes pour mieux rendre la petitesse de sa hauteur. Trois pommes d’amour, bien rouges, posées fièrement l’une sur l’autre. Trois pommes debout.

    Parce qu’il veut vivre debout, lui.

    Mais il sait aussi qu’il devra plier. Alors, il se fera roseau. Pas chêne, celui-là casse à ce qu’on dit. Pourtant il est beau le chêne quand il étend ses racines pour mieux  s'ancrer à la terre qui l'élève pour s’élever vers le ciel. Quand il se plante là, petite graine, au beau milieu de nulle part, pour y vivre en paix.

    Peut-être qu’il sera chêne.  Il faut qu’il réfléchisse. Il sait qu’il doit faire vite, le temps lui est compté. Le compte à rebours a commencé avec les rentrées de septembre, en rang, deux par deux ou en ordre alphabétique ou encore, les petits devant, les grands derrière… au coup de sifflet, au coup de règle sur les doigts.

    Les règles ne sont pas pour lui, c’est son secret, enfin pas le vrai… Jamais personne ne connaîtra son secret. Après tout, chacun son chemin. Juste un petit chemin de traverse, traversé lui même par les rayons du soleil. Pas de chemin de croix, ou de Damas, pas chemin de rondes, pour y danser comme sur le pont d’Avignon avec des « madame » qui feront comme ça et des « monsieur » qui feront comme ça, aussi.

    L’enfant sourit

    Il fera comme ça aussi de temps à autre.

    En apparence seulement.


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