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Les derniers poètes
Tandis que le fleuve roulait ses ordres moraux, arrachant aux rives instables, les derniers lambeaux de dissidence, un vent libéral avait pris en force. Des rafales teigneuses arrachaient au libre arbitre ses derniers remparts, pour les disperser à travers les champs d'honneur.
Au milieu des eaux brunes se noyaient les derniers esprits éclairés. Leurs poumons s'emplissaient de la pensée unique à laquelle ils ne pourraient survivre.
Une lune blafarde crevait avec peine un ciel qui s'embrunissait peu à peu, jusqu'à se fondre avec les eaux fangeuses du fleuve.
Sur la rive, quelques poètes luttaient encore contre le déracinement. Ils se risquaient malgré le vent, à graver sur l'écorce des arbres à palabre, le mot Liberté. Mais la pointe émoussée de leur plume refusait toutes traces.
Le vent passa son dernier coup d'éponge et la Terre devint propre.
En contre bas, l'argent sale honora la fondation d'un village aux maisons toutes blanches et identiques.
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Commentaires
Bonjour cher Margimond,
Mon petit passage amical pour te souhaiter un bon dimanche et une agréable semaine.
Merci pour tes visites, c'est toujours un plaisir
Bisous de Florence
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Dimanche 3 Juillet 2016 à 14:58
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...Et la Terre devint blanche. Blanche, dépourvue d'aspérités, sans même un grain de poivre. Telle une orgie d'épuration. Un recyclage extrême jusqu'à l'absence de contraste. Une désertion des contraires.
Une tempête de pureté virginale stérile. La couleur s'en est allée avec les dissidents dissous dans les remous du fleuve brun. Le gris beige est devenue albâtre. Un monde uniforme d'où rien n'émerge, rien ne se crée, rien ne disparait. Figé dans son unicité terne et aphone.
Dans le blanc du firmament nait un souffle léger d'abord, se gonflant progressivement non d'importance mais de force. Comme une magnifique colère qui enfle et dérange l'unité morte provoquant de petits gromelos de nuages de nuances ivoire. Des dissidents de blancs qui se teintnt de rose et de jaune. Oh légers très légers mais tout de même. A ne pas négliger.
Le blanc pisse de trouille et se teinte de vert. C'en est fini du grand décapage radical. L'unité totalitaire sent sa fin approcher. Prend la couleur du deuil. Se pare de rouge violent. C'en est fait de propreté. Le temps de la différence avec son cortège de différents, d'insolite et de marginal, de conformistes et d'autoritaires, de créatifs et d'originaux se réveille. Paraissant faussement semblable à hier. Assagi de l'expérience de la grande lessive en cours de retraitement...
Les couleurs s'étalent dans une multitude de nuances contrastées et douces. Jaillissement créatif heureux.
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Mardi 5 Juillet 2016 à 22:34
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Samedi 2 Juillet 2016 à 23:56
Oui, j'y pensais farouchement, justement, nous pourrions faire un lien commun sur nos blogs respectifs
Quant à moi, je n'ai jamais été obéissant Et ça ne s'arrange pas avec l'âge, rire ! Je n'étais pas un pessimiste, mais, j'avoue, je m'inquiète un peu de la tournure que prennent nos sociétés, aujourd'hui.
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Samedi 2 Juillet 2016 à 18:01
Pendant très longtemps, j'ai été sage et obéissante. J'ai cru ce qu'on m'avait dit. Qu'il fallait être triste de la souffrance des autres par solidarité, sinon on est un très vilain égoïste. Et puis aussi, qu'il n'y a que les histoires dramatiques et sombres qui ont de la profondeur et qui disent quelque chose de vrai et d'intéressant...
Maintenant, j'ai compris que c'est un terrible piège. Alors je pars à la chasse au pessimisme, aux idées noires, au défaitisme et autres plats de réjouissances... Et mon ciel se teintent de jolies couleurs. Le vent se fait mon complice et bien souvent chasse rapidement les nuages gris ou noirs. La rivière se fait ma complice et lave les vieilles blessures...
Ça me plairait bien un jour prochain de copier sur mon blog notre duo sauf naturellement si tu t'y opposes farouchement
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Samedi 2 Juillet 2016 à 15:53
Magnifique cette suite ! Merci de faire renaître cet optimisme qui n'était pas dans mon texte. Un "Jaillissement créatif heureux" Voilà une image qui me plait beaucoup !
C'est Jama qui va être contente ! Avec une suite comme celle-là, je vais enfin perdre mon titre d'écrivant de l'apocalypse !!!! Merci Bleu Ebouriffé.
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Bonjour cher Margimond,
Mon petit coucou amical pour te souhaiter un bon week-end.
Je te donne le lien de mon blog perso : http://florence-soprano.eklablog.com
N'hésites pas à laisser des commentaires, tu as le choix dans les rubriques LOL
A bientôt.Bisous
Florence
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Samedi 2 Juillet 2016 à 15:42
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Rassurant de voir qu'il y a encore des potiers qui veulent fabriquer quelque chose avec la glaise...entre les fêlés et les casseurs, le monde est toujours à refaire...
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Samedi 2 Juillet 2016 à 15:37
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Coucou Margimond
Un texte magnifique et haletant ! tout à fait dans la mouvance de BOUALEM SANSAL (2084 : la fin du monde) et de celui que je suis en train de découvrir : AHLAM (les rêves) de Marc TREVIDIC dont je te livre une affirmation qui correspond à ton article :
"...... L'affrontement entre la Beauté de l'art et le fanatisme religieux peut commencer.
Roman qui trace de façon implacable, glaçante, le portrait d'un monde qui chavire !
Et de bien d'autres livres actuels à découvrir....
De quoi flanquer le bourdon !
Bisous Denis et merci
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Mercredi 29 Juin 2016 à 09:19
Bonjour luciole,
Je viens de me renseigner sur les auteurs que tu me proposes. Ils me plaisent bien, je les mets dans mes prochaines lectures. Merci pour ce partage.
"L'affrontement entre la Beauté de l'art et le fanatisme religieux peut commencer". Cette phrase, à elle seule, fait froid dans le dos !
Bisous de belle journée luciole... Soyons courageux, tout n'est pas perdu !
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Révérence chère Margimond,
Mon petit coucou amical pour te souhaiter une bonne journée.
Merci pour tes visites, c'est agréable de lire des gentils commentaires !
Bon mardi à toi, gros bisous.
Florence
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Mardi 28 Juin 2016 à 17:15
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Mort de l'écrivain Maurice G.Dantec, conteur pessimiste du futur, écrivain de la fin des temps...
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Mardi 28 Juin 2016 à 16:51
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Bonjour Denis
Ici, ce ne sont pas quelques poètes, mais tout un peuple luttant contre la domination du père, puis du fils et, peut_être plus tard, du petit fils.
Bonne journée
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Mardi 28 Juin 2016 à 15:52
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Euh... l'image et les mots me font frémir.
Que les derniers poètes ne soient jamais livrés à la boue... je ne voudrais pas vivre dans un monde sans espoir.
Passe une douce journée Margi.
(texte magnifique au demeurant. Il fait réfléchir)
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Mardi 28 Juin 2016 à 15:42
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Littérature apocalyptique ?
« Qui a un goût prononcé pour le symbolisme, l’allégorie. »
« La littérature apocalyptique est une littérature de résistance par laquelle les visionnaires font à la fois entendre un message d'interpellation, en portant un regard critique sur le monde dans lequel ils vivent, mais aussi d'espérance pour des groupes fragilisés qui sont ou se sentent opprimés. »
Ton Apocalypse Margimond est inachevée, s’il te plaît Margi écris la suite ; celle où la clef « Espérance » ouvre la porte qui se trouve au fond de toutes ces maisons blanches et uniformes. Celui qui ose, celui qui se donne la peine de l’ouvrir sans peur, mais avec le désir de faire mieux pour tous, verra une nouvelle terre qui remplacera celle totalement dévastée. Cette terre est en jachère fleurie, elle attend les utopistes les poètes les humanistes, les chercheurs, les belles volontés….
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Mardi 28 Juin 2016 à 14:37
Non, je t'assure, que je n'ai aucun goût pour l’apocalypse .
Mais, parfois, je l'avoue, j'aimerais tant ne pas "voir" dans l’avenir. Je ne lis pas dans les entrailles des poulets...sourire. Je lis seulement dans ce qu'il me semble être une logique.
Oui, c'est promis, je vas essayer de donner une suit lénifiante et utopiste à l'avenir.
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Révérence Margimond,
Après t'avoir répondu dans mon blog, me voici sur le tien que je découvre avec intérêt.J'aime beaucoup ta bannière, superbe !
Ce texte est superbe, il est de toi ?
J'ai mis ton blog dans mes liens, je reviendrais.Je suis ravie de faire ta connaissance.
Passes une agréable semaine.
Bisous de Florence
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Mercredi 29 Juin 2016 à 09:06
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Mardi 28 Juin 2016 à 13:50
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Mardi 28 Juin 2016 à 13:43
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Des mots qui ne surfent pas sur la vaguent, qui la scrutent de l'intérieur, le remous boueux, sale et pourtant bien réel. Très réussi.
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Mardi 28 Juin 2016 à 13:28
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https://www.youtube.com/watch?v=S-fs6VBPTxc
Bon dimanche Margi !