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Cette année encore, tu as décidé de défendre la cause féminine. Soit !
Ce qui est parfaitement louable de ton point de vue, puisque tu es une femme. Si j’en avais été une, j’aurais eu ton rôle. Dieu merci, cela n’est pas. Mais as-tu pensé un instant au calvaire que tu m’infliges durant cette infamante journée ? Chaque année, je dois subir cette humiliation, cette abjecte souffrance tant physique que morale : préparer le repas sous ton œil altier et triomphant ; éplucher les légumes ; cuire la viande ; mettre le couvert ; même faire la vaisselle. Tu ne m’épargnes rien !
Ne me regarde pas comme ça, tu vas me faire mourir de honte. Oui, bon sang, c’est ça ! Tu veux me faire mourir !
Voilà déjà trois mois que je redoute ce jour, j’essaie psychologiquement de m’y préparer. Voudrais-tu me voir consacrer les trois mois suivants sur le divan du docteur Freud ou pire, celui de Lacan ?
Arrête de glisser tes pieds sous la table en attendant que je te serve ! Ça m’énerve.
Ne me préfères-tu pas dans de plus augustes tâches : prier, faire la guerre, lire le journal, supporter le PSG en buvant des bières ?
Pourquoi vouloir avec tant d’acharnement troubler l’ordre cosmique ?
Comment ? Ce soir aussi, on inverse les rôles ? Tu ne veux plus jouer à ma petite esclave !
Là, vraiment, tu as dépassé les limites.
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